mardi, 24 mars 2020 16:48

Hyperuricémie et goutte

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La goutte est une arthrite inflammatoire très fréquente chez l’homme : conséquence d’une augmentation du pool de l’acide urique due à un déséquilibre entre la synthèse et l’élimination de l’acide urique.

Affection systémique à connotation génétique et nutritionnelle forte !

 

L’uricémie est normalement < à 60 mg/l chez la femme et < à 70 mg/l chez l’homme

 

L’hyper-uricémie chronique est commune (> 5% de la population) et généralement due à une diminution de l’élimination rénale+ apport alimentaire excessif en purines.

Longtemps asymptomatique, seule une faible proportion de sujets hyper-uricémiques développeront une arthrite gouteuse, une lithiase urinaire et/ou une néphropathie goutteuse.

 

Aspects nutritionnels :

  • Facteurs de risques:

- Certaines maladies --> syndrome de Lesch-Nyhan (congénital), insuffisance rénale, syndrome métabolique/surpoids/obésité, hypertension artérielle (HTA), hypothyroïdie, déficit en G6PD, saturnisme, syndrome de lyse tumorale (syndromes myéloprolifératifs, anémie hémolytiques, polycythémie)

- Médicaments--> diurétiques thiazidiques et de l’anse, aspirine à faible dose, cytotoxiques, pyrazinamide et éthambutol

 Pas d’arrêt de traitement sans un avis médical !

- Alimentation--> Viandes/abats/fruits de mer, alcool (bière et alcools forts), amaigrissement rapide, régime hyper-protéine.

 

  • Apports protéiques:

L’élévation de l’acide urique n’est pas reliée à la consommation de protéine globale mais augmente significativement avec la consommation de viande et de produits marins.

En revanche, les protéines d’origine végétale riches en purines (légumineuses) sont associées à une diminution du risque de goutte.

Effet protecteur des produits laitiers : la caséine et la lactalbumine vont augmenter l’excrétion urinaire d’acide urique. (Attention : non mis en évidence avec les laitages allégés !)

 Les régimes hyper-protéinés utilisés pour perdre du poids rapidement sont associés à un risque de goutte !

Les études épidémiologiques indiquent que les sujets hyper-uricémiques ou goutteux devraient satisfaire leurs besoins protéiques par un apport accru en légumineuses pour compenser un apport carné réduit, que les produis laitiers ont un effet protecteur et que la consommation excessive de boissons alcoolisées est délétère.

 

  • Fructose et hyper-uricémie :

Seul glucide capable d’augmenter l’uricémie !

Chez l’homme, l’hyper-uricémie pourrait être un facteur de risque du syndrome métabolique et du diabète de type 2.

On retrouve le fructose dans notamment les fruits d’arbres (pommes, les poires, les fruits d’agave, les bananes, les raisins et les agrumes) ; les fruits séchés (dattes, pommes et raisins secs) ; boissons caféinés, jus de fruits, produits transformés…

 

  • Produits laitiers :

La consommation de lait et de produits laitiers est associée à une diminution de l’uricémie.

 

  • Alcool:

Majoration de l’hyper-uricémie.
Les données épidémiologiques confortent cette assertion en insistant sur le rôle particulier de la bière et des spiritueux. Paradoxalement, le vin aurait un possible effet protecteur.

 

La Goutte

« Maladie chronique pouvant être responsable d’une atteinte poly-articulaire et de manifestations systémiques ».

Elle est due à une inflammation aigue ou chronique secondaire aux dépôts de cristaux d’acide urique dans les tissus.

On estime que la goutte concerne 2% de la population masculine.

Son incidence et sa prévalence sont en augmentation continue : elles sont liées au modifications du style de vie et des modes alimentaires, qui favorisent également l’apparitions de maladies chroniques dites de « sociétés » (Le syndrome métabolique, l’obésité, l’hypertension artérielle, l’insuffisance rénale).

 

Prise en charge

Un régime pauvre en purines, hypo-protéique et sans alcool, difficile à poursuivre au long cours, a des performances limitées sur l’hyper-uricémie, qu’il ne réduit au mieux que de 10 à 15mg/L.

Une telle alimentation entraine de fait une consommation accrue de glucides qui risque de majorer la prise de poids et l’insulinorésistance.

 Aliments riches en purines= abats, gibier, charcuterie sauf le jambon, gelée, extraits et bouillon de viande, certains poissons (harengs, anchois, sardines), crustacés et mollusques

Aliments susceptibles d’induire une crise de goutte= viandes faisandées, asperges, champignons, vins blancs et vins cuits, bières et alcools forts

 

En pratique, il parait souhaitable de proposer une alimentation comparable à celle préconisée dans le syndrome métabolique :

- privilégier les acides gras mono-insaturés ;

- privilégier les glucides à index glycémiques bas avec un apport protéique normale et un apport énergétique modéré ;

- consommation modérée de boissons alcoolisées ;

 

Le contrôle du poids est un objectif majeur : cependant, il convient d’éviter un amaigrissement rapide responsable d’une réabsorption rénale accrue d’acide urique secondaire à la cétogenèse.

Une activité physique régulière est également souhaitable, mais un effort physique intense et prolongé est à éviter car les muscles produisent de l’acide urique durant l’effort !

Un traitement pharmacologique pourra enfin être proposé par votre médecin, en fonction de la symptomatologie.

 

Pour des conseils nutritionnels adaptés à votre situation clinique, il est préférable de consulter un médecin nutritionniste !

Read 12194 times Last modified on mercredi, 29 avril 2020 09:08

Docteur en médecine et sensibilisée à la micro nutrition, je vous informe sur les problématiques que vous pouvez rencontrer. Que vous soyez un sportif en questionnement alimentaire ou un individu en surpoids, nous établirons un diagnostic et travaillerons ensemble.

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