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dimanche, 05 juillet 2020 16:38

Sevrage tabagique et Poids

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Le tabagisme peut être considéré comme le facteur de risque le plus important en termes de diminution de l’espérance de vie.

En France, le tabagisme tue plus de 73 000 personnes chaque année et la plupart des fumeurs sont bien conscients des risques qu’ils encourent. 

Beaucoup ont fait de nombreuses tentatives de sevrage, aboutissant souvent à un échec. Parmi les causes à l’origine de cet échec figure la problématique nutritionnelle dominée, chez les femmes, par la peur d’un gain pondéral.

Cette peur est une cause très importante de non arrêt, d’autant que beaucoup de femmes fument pour lutter contre la prise de poids et ne pas céder notamment aux grignotages.

Pourquoi les fumeurs ont un poids inférieur à ceux non-fumeurs ?

Plusieurs facteurs entrent en jeux :

  • L’oralité de la cigarette : elle remplace les grignotages ;
  • La présence d’une co-intoxication alcoolique, notamment chez les hommes ;
  • La diminution de la faim et l’altération du goût (La fumée a un impact sur les récepteurs olfacto-gustatifs) : le tabagisme prédispose au déséquilibre alimentaire, en influençant davantage l’envi de consommer des aliments plus gras, plus salés/épicés à l’inverse des légumes et fruits ;
  • Une augmentation de la dépense énergétique de repos (DER) de 3 à 6% après la consommation d’une cigarette (activation d’une système nerveux sympathique par la nicotine)
  • Une augmentation de la thermogenèse postprandiale et du coût énergétique de l’activité physique (Fumer 20 cigarettes par jour est responsable d’une augmentation de la DER de 200 kcal/jour)

Il est donc fréquent de prendre du poids à l’arrêt de la cigarette : en moyenne 3kg pour les hommes et 4kg chez les femmes.

La période de sevrage est une situation de « fragilité nutritionnelle », ne prédisposant pas à maintenir un équilibre alimentaire : il y a certes un rattrapage pondéral mais aussi des apports énergétiques inadaptés.

--> Une baisse de la DER de 200kcal/jour

--> Une augmentation des apports alimentaire de l’ordre de 300 kcal/jour, voir 500kcal/jour les premiers semaines d’arrêts ;

--> Une modification des choix alimentaires, les personnes s’orientant davantage vers des aliments riches, lipidiques, sucrés. La consommation de café augmente et chez les hommes, celles des boissons alcoolisées.

--> Une recherche de compensation comme le fait de mâcher des chewing-gums ou alors grignoter.

 

Il y a donc certes une prise de poids suite à l’arrêt du tabac mais elle n’est pas inéluctable !

 

Aide au sevrage

Avec une alimentation équilibrée, un traitement à base de substituts nicotiniques et une activité physique régulière - 30 minutes quotidiennes de marche énergique par exemple - le risque de prendre du poids lors de l'arrêt du tabac se réduit déjà fortement !

En parallèle, l’assistance médicale est recommandée dans le cadre de consultations régulières spécialisées notamment en tabacologie, offrant un accompagnement psychologique et pharmacologique.

  • Traitement pharmacologique :

- les substituts nicotiniques (timbres, transdermiques, gomme à mâcher, comprimés sublinguaux) : ils agissent sur le métabolisme et freinent la prise de poids. En diffusant de la nicotine de manière lente et progressive, les substituts nicotiniques permettent d’éviter les hypoglycémies à l’origine des sensations de faim entre les repas ;

- le bupropion ou « Zyban » (anti-dépresseurs réduisant la sensation de manque de nicotine) ;

- la varénicline ou « Champix » qui réduit l’intensité de l’envie de fumer et la sensation de manque.

  • Traitements non médicamenteux :

- Les thérapies cognitivo-comportementales, renforcée par la participation à des groupes de paroles ou forum ;

- L’éducation thérapeutique du patient ;

- D’autres thérapies alternatives : homéopathie, acupuncture, hypnose : elles ont certes la faveur des patients mais leurs résultats ne sont pas systématiquement concluant sir ce n’est pas un effet de suggestion ;

  • Traitement diététique:

La prise de poids est essentiellement d’origine alimentaire et survient notamment dans les premiers mois : cependant plus le sevrage est ancien et plus les habitudes alimentaires tendant à s’améliorer.

Les conseils nutritionnels ont deux objectifs principaux :

  • Profiter de cette période de « remise en question des habitudes de vie » pour revoir notamment les valeurs nutritionnelles ;
  • Aider à la maitrise du poids ;

Attention : ces conseils ne devraient intervenir que lorsque le sevrage est effectif, car la prévention de la prise de poids ne doit pas détourner le patient de son objectif principal qui est l’arrêt du tabac ! Il ne doit pas se voir imposer durant cette période un régime contraignant, restrictif.

 

Par la suite, via le biais d’une enquête alimentaire, la prise en charge nutritionnelle du patient est personnalisée.

Une alimentation bien structurée (3 repas par jour à heures fixes pris dans de bonnes conditions avec une belle diversification alimentaire) est un préalable. Il faut proposer une alimentation à faible densité énergétique et à forte densité nutritionnelle.

Les modifications de goûts suite à la consommation tabagique peuvent être progressivement corrigés par l’utilisation d’herbes aromatiques, d’épices, de condiments tels que l’ail, l’oignon, les échalotes. L’objectif est de réduire progressivement l’appétence installée pour le sucre, le sel et les aliments riches en lipides, afin de majorer la consommation de fruits et légumes.

Il faut tendre à maitriser la consommation de café (3 tasses par jour), qui peut être excessive et en excès, être un facteur de rechute.

 

Il n’existe en soi pas d’aliments interdits mais un équilibre à retrouver avec l’aide d’une diététicienne ou médecin nutritionniste.

  • Consommation quotidienne de fruits et légumes à hauteur de 5 portions ;
  • 3 produits laitiers journaliers ;
  • Une à 2 portions de viande maigre, d’un œuf 3 fois par semaine et de 2 portions de poissons par semaine ;
  • Consommation de céréales complètes, féculents et/ou légumineuses tous les jours ;
  • Privilégier les matières grasses type huiles végétales (olive, colza, noix)
  • La boisson principale sera l’eau (Agrémenter l'eau avec des rondelles de citron ou des feuilles de menthe) et il sera préférable de restreindre les produits sucrés ;

Enfin, mettre en place une activité physique régulière et adaptée au patient est un moyen d’aide au maintien du poids.

Un temps de sommeil suffisant et une vie « calme » sont des facteurs de facilitation du sevrage : l’objectif est de travailler sur l’acquisitions de nouveaux repères et automatismes.

  

Pour des conseils nutritionnels adaptés à votre situation clinique, il est préférable de consulter un médecin nutritionniste !

 

Read 3201 times Last modified on mardi, 04 août 2020 13:41
Camille Lequere

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