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lundi, 15 octobre 2018 09:30

Renforcer ma barrière anti-reflux

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Le reflux gastro-œsophagien pathologique représente en France une des affections digestives les plus fréquentes puisque 20% des adultes ont déclaré avoir ressenti au moins une fois dans l'année des symptômes évocateurs de RGO (10% ont des symptômes de RGO chaque jour).

 De ce fait, c’est un motif de consultation très fréquent chez le médecin généraliste.

 

Le reflux, qu’est-ce que c’est ? 

Nous avons tous ressenti au moins une fois dans notre vie une remontée de liquide acide de l'estomac dans l’œsophage et parfois dans la bouche surtout après un repas copieux = c’est un reflux gastro-œsophagien (RGO) dit « physiologique », tout à fait normal.

Cependant, lorsqu’on évoque le reflux gastro-œsophagien comme une affection c’est qu’il est pathologique et non physiologique.

Le RGO pathologique est caractérisé par des remontées acides qui sont trop importantes (être trop prolongées et/ou trop fréquentes), entrainant au cours du temps une œsophagite «  peptique » (liée principalement à l'acide contenue dans l’estomac).

 

Les facteurs favorisant la stase œsophagienne après reflux sont :

  • position couchée ;
  • insuffisance de la motricité œsophagienne (diminution de la clairance œsophagienne) ;
  • la diminution de la résistance tissulaire œsophagienne favorisant l’œsophagite (dénutrition, hypoxie chronique, alcoolisme, AINS) ;
  • Le surpoids/obésité (pression excessive sur l’abdomen) ;
  • Une hernie hiatale (ascension de l’estomac à travers l’orifice hiatal) ;
  • Effort lors de la toux.

 

Le plus souvent, le RGO est idiopathique. On peut cependant favoriser son apparition suite à une chirurgie (modification anatomique), des épisodes récurrents de pyrosis chez la femme enceinte, ou des patients atteints de sclérodermie.

 

Comment fait-on le diagnostic ?

Le plus souvent, dans les formes bénignes, le diagnostic est clinique.

Les symptômes débutent volontiers après les repas, en position penchée en avant ou allongée :

  • des brûlures (ou "pyrosis") partant de la région épigastrique et remontant derrière le sternum ;
  • des régurgitations acides (retour d’aliments dans la bouche), survenant sans nausées ni effort de vomissement ;
  • des signes digestifs, comme le hoquet ou des éructations ;
  • des douleurs dans la région épigastrique.

 

Le RGO peut être associé à d’autres manifestations (pulmonaires et ORL) :

  • toux chronique;
  • pharyngite ou laryngite ;
  • enrouement de la voix ;
  • asthme;
  • érosion dentaire (usure des dents liée à l’acidité des remontées gastriques).

 

Cependant si les premières mesures (médicamenteuses, règles d’hygiène de vie, prise en charge des facteurs favorisants) aboutissent à un échec, il faudra alors consulter un médecin spécialiste et réaliser des examens complémentaires (ph-métrie de 24 heures, endoscopie).

 

 

Conseils généraux pour limiter le reflux: 

 

  • Je prends le temps de manger :

Le fait de mastiquer d’avantage, favorisera une bonne salivation. La sécrétion de salive est un des indicateurs de la santé de la paroi de l’œsophage et la salive contient par ailleurs des composés protecteurs pour cette paroi.

Je prends le temps de manger (20-30min), en position assise (et non debout dans les transports en commun ou en marchant), en mastiquant à chaque bouchée.

 

  • Je mange léger le soir :

En effet, en cas de RGO nocturne, il est conseillé de manger léger le soir, et d’éviter les boissons abondantes avant le coucher.

Préférez les cuissons légères (pochées, rôties, grillées, en papillote, bouillie) ;

Limitez la consommation d’aliments gras (qui ralentissent la vidange gastrique et augmentent l’intensité des symptômes), tels que fritures, plats en sauce, viandes grasses, charcuteries, fromages gras, pâtisseries à la crème, etc.

Diminuez la quantité de boisson, et évitez notamment le café, l’alcool, les jus d’orange ou de tomate, le vinaigre, le citron à Ils irritent la muqueuse œsophagienne et peuvent favoriser le RGO.

Diminuez aussi les aliments à gros volume (soupe).

 

  • Je mange plus souvent et tôt le soir :

L’objectif est de ne pas surcharger son estomac, afin d’éviter de provoquer un nouvel épisode de reflux.

  • Fractionnez votre prise alimentaire en 5-6 repas au lieu des trois habituels.
  • Mangez au moins deux heures avant de vous coucher le soir et ne prenez pas de collation après le repasà les repas tardifs du soir sont associés à une exposition plus longue à l’acidité et à des nuit plus courtes.
  • Dormez avec le haut du lit incliné vers le haut (ce qui permettra des reflux moins graves et moins longs).

 

  • Je limite la prise de poids ou diminue l’excès de poids :

L’excès de poids est très souvent associé au RGO car il induit une augmentation de la pression abdominale favorisant les reflux.

Les aliments gras réduisent la pression du sphincter œsophagien inférieur. De plus, ils ralentissent la vidange gastrique.

  • Consommez en au maximum de 45 g par jour.
  • Optimisez votre activité physique :

 

  • Je traite ma constipation :

En effet, tout effort de poussé va favoriser le RGO, du fait d’une augmentation de la pression abdominale.

En cas de colopathie fonctionnelle, un excès de gaz entraîne des ballonnements douloureux : les symptômes type pyrosis ou douleur sont donc majorés.

N’hésitez pas à en parler avec votre médecin.

 

  • Je limite les positions à risques :

La position allongée ou penchée en avant : cela favorise la remontée du liquide acide de l’estomac le long de l’œsophage.

Le jardinage, le sport ou les siestes immédiatement après les repas : A éviter en cas de RGO sévère ;

J’évite le port de vêtements trop serrés ;

 

Aliments déconseillés : 

  • les aliments riches en matières grasses ;
  • le pain frais, notamment la mie de pain fraîche, très riche en levain ;
  • la pâtisserie, les gâteaux, les biscuits, trop riches en farine ;
  • les céréales complètes (pain de son, pâte complète, riz complet), si signes d’intestin irritable. Ils seront à réintroduire progressivement ;
  • la charcuterie (le jambon cuit est autorisé) ;
  • les plats en sauce, les fritures ;
  • les viandes faisandées ;
  • les poissons gras (harengs, sardines, maquereaux, saumon, thon, anguilles, …) ;
  • les légumes secs (haricots blancs, pois cassés, lentilles), si signes d’intestin irritable. Ils seront à réintroduire progressivement ;
  • les légumes frais suivants : chou, choucroute, petits pois, salsifis, navets, oignons, concombre, chou-fleur, poireaux, artichauts, radis, poivrons, cresson, oseille, pommes de terre en purée ;
  • les fromages à moisissures qui fermentent : camembert, munster, bleu, chèvre, roquefort, livarot, brie ;
  • les fruits oléagineux (cacahuètes, noix, amandes, etc.), si signes d’intestin irritable. Ils seront à réintroduire progressivement ;
  • les agrumes, jus d’agrumes (orange, citron, pamplemousse), tomate et jus de tomate ; – les eaux gazeuses sucrées ;
  • les épices (piments, moutarde forte, poivre…) ;
  • Le sel ou tout aliment trop salé= l’excès de sel diminue la pression du sphincter de l’œsophage et augmente le risque de reflux ;

 

Aliments à privilégier :

  • pain bien cuit ou grillé ;
  • carottes, endives, courgettes, haricots verts, aubergines, champignons, épinards, laitue, brocolis, fenouil ;
  • riz, petites pâtes, semoules, pommes de terre en quantité raisonnable ;
  • toutes les viandes, volailles, poissons (sauf poissons gras) sont autorisés sans trop d’épices ;
  • crustacés, fruits de mer ;
  • fromages à pâte cuite, Gruyère, Cantal, Emmental, Babybel,… ;
  • yaourts ;
  • thé ou café léger ;
  • poires, pommes, pêches, bananes fraîches en dehors des repas ou en compotes à la fin des repas ;
  • eaux plates ;
  • vin rouge

 

 

 

Pour des conseils nutritionnels adaptés à votre situation clinique, il est préférable de consulter un médecin nutritionniste !

 

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Camille Lequere

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